Versión Española

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Mes remerciements à Danièle BONINI, traductrice de ce texte:

NOTES DE GÉNÉALOGIE HISPANIQUE

Les patronymes espagnols, à l’instar de ceux des autres pays européens ont été utilisés dès les XIème et XIIème siècles. Leur évolution et leurs caractéristiques ne diffèrent pas de celles que l’on trouve dans les autres pays. Cependant ils présentent quelques particularités qu’il convient de souligner :

1.L’usage espagnol des deux patronymes

2.l’emploi des patronymes avant le XIXème siècle

3.les patronymes dérivés de prénoms

4. Patronymes en provenance de noms de lieux (toponymes)

1.- L’usage espagnol des deux patronymes

Il est courant que les espagnols –et les hispanoaméricains dont les pays sont héritiers de l’usage espagnol en matière de noms- ont des difficultés dans d’autres pays où il n’est pas toujours compris que le nom n’est pas seulement le DERNIER qui apparaît dans la liste , qu’il n’y a pas chez eux ce qu’on appelle " middle name ",et qu’il n’y a rien de semblable au " nom de jeune fille " pour les femmes mariées…

LA FEMME MARIÉE.- Dans le système espagnol, (et il en est ainsi depuis le Haut Moyen Age, il y a environ mille ans), la femme, mariée ou célibataire, NE REMPLACE JAMAIS SON NOM PAR CELUI DE SON EPOUX. Les homme tout autant que les femmes conservent toujours leurs noms propres.
Parfois, pour l’usage en société, et dans des circonstances précises, on voit apparaître la formule " de –nom–du–mari ". Par exemple, une dame nommée Margarita LÓPEZ ABREU, mariée à Fernando CABRERA PINTO peut utiliser en société le nom Margarita LÓPEZ ABREU " de CABRERA ", et si elle devient veuve elle peut apparaître dans un carnet mondain de presse sous le nom de Margarita LOPEZ ABREU " Veuve de CABRERA ". Cependant, ces formules ne sont pas d’usage fréquent, et, surtout, ne peuvent jamais apparaître sur un document officiel ou légal, acte de recencement, d’Etat Civil, arbre généalogique etc…

LES PRENOMS.- Devant les noms, comme dans tout système relevant de la culture occidentale, on place le prénom, qui peut être un ou multiple ; il n’existe pas le " middle name " du système anglosaxon . Traditionnellement, le prénom est composé ( mes prénoms sont " Julio Néstor Juan " mais habituellement on m’appelle seulement " Julio "). Les membres de la Famille Royale ou de l’aristocratie portaient habituellement plusieurs prénoms (et c’est toujours le cas pour la famille royale). Actuellement la loi limite le nombre de prénoms et de plus en plus on utilise le prénom simple.
Les ajouts de type " Junior " ou des ordinaux (" 2e ", " III ", etc…) sont inconnus dans le système des prénoms espagnols, sauf s’il s’agit d’une monarchie régnante.

LES DEUX PATRONYMES.- toute personne porte deux noms : le premier est le premier nom du père, le deuxième est le premier nom de la mère.
Par exemple si je m’appelle Julio 'RANCEL VILLAMANDOS' ('... ' sont mes noms) et si mon épouse s’appellait Beatrix 'SERAL ARANDA' ('...' etaient ses noms), notre enfant s’appelle Mayec 'RANCEL SERAL', et 'Rancel Seral' sont ses noms. Evidemment, mes noms me viennent de mon père (Julio 'RANCEL MARTIN') et de ma mère (Margarita 'VILLAMANDOS CABRERA-PINTO'). Ceux de mon épouse viennent de ses parents: Tomás 'SERAL CASAS', et Gloria 'ARANDA LAGUNA'.
Même si, d’entrée, le système peut paraître complexe à quelqu’un qui n’y est pas accoutumé, en fait les espagnols trouvent beaucoup plus compliqué que la femme prenne le nom de son époux, et parfois ils ont l’impression qu’une sœur a épousé son frère… De plus, en cas de recherches généalogiques, il est beaucoup plus simple de faire ressortir des parentés proches si les épouses conservent leur identité. Il est plus simple de faire ressortir des parentés grâce à l’existence de DEUX noms au lieu d’un seul. Par exemple mon fils s’appelle- Mayec 'RANCEL SERAL'. Un frère de mon épouse, Delfín 'SERAL ARANDA', a épousé Marina 'ARESPACOCHAGA MAROTO'. Leurs enfants (Manuel, Tomás, José et Marina) portent les noms 'SERAL ARESPACOCHAGA'. Mon fils, qui est un 'RANCEL SERAL', a un nom en commun avec avec ses cousins germains. Dans un système à nom unique, il serait seulement Mayec 'RANCEL', ses cousins seraient seulement 'SERAL', et il serait plus difficile de faire ressortir une parenté, plus encore si sa mère avait perdu ses noms (SERAL ....) pour prendre les miens.
Il y a quelques années on a modifié la législation en Espagne, afin que l’ordre des noms puisse être modifié : le premier nom maternel en premier lieu puis le paternel en deuxième . Ce changement peut être effectué par accord mutuel du père et de la mère ou sur choix de l’intéressé/e à sa majorité (18 ans).

LES PATRONYMES DOUBLES ou COMPOSES.- Les patronymes espagnols sont parfois "doubles" ou "composés". Par exemple, dans la famille de ma mère, "CABRERA-PINTO" ne sont pas deux patronymes, comme à l’origine, mais ils en constituent un seul. A l’origine de cela il peut y avoir plusieurs raisons:

-- le premier nom était très courant, le deuxième beaucoup moins (par exemple, "López Abreu"). Avec le temps cela amène les enfants à ne pas être connus comme "López + nom de la mère", mais "López-Abreu + nom de la mère".

-- La personne qui porte ses deux noms devient célèbre, dans les domaines de l’art, de la politique, des armes, du sport, etc... ses descendants auront tendance à conserver les deux noms accolés afin de perpétuer le souvenir de cette personne . Ceci est fréquent parmi des membre de la "haute société".

Afin de rendre valides les noms composés, on doit apporter la preuve, devant un Tribunal, que l’usage en société remonte loin en arrière et que l’entourage social reconnaît la personne par son double nom. Dans ce cas, le Juge prononcera un arrêté autorisant l’usage officiel et la transmission aux descendants du double nom comme s’il s’agissait d’un nom unique.

2.- L’emploi des patronymes avant le XIXème siècle

Le système basé sur les deux noms et leur transmission (premier nom du père + premier nom de la mère) est légalement obligatoire et a perduré depuis plus d’un siècle. Jusqu’à la première moitié du XIXème siècle, la transmission et l’usage des patronymes a suivi ces mêmes règles, mais on acceptait de nombreuses exceptions qui peuvent compliquer une recherche généalogique.
Jusqu’au XIXème siècle, on pouvait se trouver face au cas de frères et sœurs portant des noms différents tout en étant nés du même père et de la même mère. Il en était ainsi car il avait été donné dans ces familles le droit pour chaque enfant de choisir ses noms (premier, deuxième et même troisième !) parmi ceux qui apparaissaient aux générations de ses parents et grands parents. Rien n’empêchait quiconque de porter en premier nom le deuxième de sa grand mère maternelle suivi du premier nom du grand père paternel, par exemple. Les motifs du choix entre tel ou tel nom pouvaient être ceux-ci : la personne concernée faisait son choix en hommage à un ascendant particulier ; ou bien le porteur sous entendait que les patronymes choisis avaient un plus grand prestige social que les autres possibles ; ou, parfois, il existait une obligation testamentaire, condition pour hériter d’un grand père ou d’une grand mère, ou d’un autre parent.
Ainsi, par exemple, dans la généalogie de ma famille on trouve deux frères nés en 1698 et en 1715, enfants du même père et de la même mère, et s’appelant : l’un d’eux Tomás MENDEZ de ABREU, et l’autre Cayetano de ABREU CRESPO. Et il existe des cas bien plus extrêmes où aucun des patronymes ne coïncide.

Avec un tel système, comment peut-on établir une généalogie antérieur à 1800?
La réponse est:

· -- tout d’abord, ceci ne s’est pas toujours produit ; de nombreuses familles ont conservé la transmission "normale" des patronymes.

· -- Ensuite, les actes de baptême et de mariage, les testaments et les "lettres patentes" sont toujours des outils valables et sûrs pour une étude des généalogies antérieures au XIX siècle. Sur les actes figuraient le père, la mère et les grand parents des deux côtés ; sur les testaments apparaissaient normalement tous les ascendants, les conjoints et tous les enfants issus de chaque mariage. Les " lettres patentes ", documents officiels par lesquelles on était habilité à exercer des charges, à porter des titres et à être publiquement honoré, rassemblaient normalement les actes correspondant à deux, trois ou quatre générations d’ancêtres, ainsi qu’une information supplémentaire à propos d’autres parents.

3.- Les patronymes dérivés de prénoms

Les cas les plus fréquents et exclusifs des généalogies d’Espagne et de Portugal sont les noms terminés en "EZ" ("ES", en portugais). Cet usage patronymique vient des wisigoths, le peuple germanique qui, à la chute de l’empire romain, s’était établi en Péninsule Ibérique et y avait fondé un royaume. La terminaison vient en effet du Latin, la langue parlé par la population hispano-romaine ("-is", "-ius")."EZ" c'est une deformation du genitive latin ("-is"), veut dire "enfant de", et équivaut aux terminaisons "-son" des noms d’origine nordique (Anderson, Johnson), "-vitch" ou "-ievna" des patronymes russes (Nikolaievitch), etc...
Ainsi, l’origine éloignée d’un "González" repose sur le fait que quelqu’un avait été appelé 'Fils de Gonzalo' (Gonzál-ez); "Pérez" : 'Fils de Pero' –c’est à dire, Pedro-, (Pér-ez); etc... Ainsi tout une série de noms espagnols très courants est basée au Moyen Âge sur le prénom d’un père ;. Voici quelques uns des noms de ce groupe:

- Alvarez: Fils de Alvaro
- Díaz, Díez: Fils de Diego
- González: Fils de Gonzalo
- Gutiérrez: Fils de Gutier (Wutier o Wotier)
- Fernández: Fils de Fernando
- Henríquez: Fils de Enrique (Henrique, en écriture médiévale)
- Hernández: Fils de Hernando, identique à 'Fernando'. En castillan primitif, beaucoup de nos 'H' actuels étaient des 'F'
- López: Fils de Lope
- Márquez: Fils de Marco
- Martínez: Fils de Martín
- Méndez: Fils de Mendo
- Núñez: Fils de Nuño
- Pérez: Fils de Pero (Pedro)
- Rodríguez: Fils de Rodrigo (Roderick)
- Ruiz: Fils de Ruy (Roy)
- Sánchez: Fils de Sancho
- Suárez: Fils de Suero

Dans certains cas, le prénom du père s’est transformé en patronyme, même sans la terminaison "EZ", c’est le cas de noms tels que García, Martín, Simón, etc...

Ces noms sont nés au Moyen Âge. Cependant les origines des nombreuses et diverses branches existantes pour ces noms sont différentes dans chaque cas, sans que l’on puisse normalement dire avec exactitude de quel "Gonzalo" descendent exactement quelques González, ou de quel "Pedro" descendent des Pérez. Les rares exceptions sont celles des descendants directs de quelques rois ou membres de la haute noblesse de Castille et León, Aragón ou Navarra, au sujet desquels on dispose d’une documentation suffisante.

4.- Patronymes en provenance de noms de lieux (toponymes)

C’est une situation très fréquente parmi les noms espagnols. Supposons qu’une personne prénommée Fernando, qui vivait dans la ville castillane de Aranda, se soit transportée à la cité de Valladolid. Parmi ses relations il y avait plusieurs 'Fernando', ainsi on a commencé à l’appeler 'Fernando celui de Aranda', et en peu de temps, 'Aranda' s’est transformé en patronyme et s’est transmis à ses descendants.

La particularité qu’il faut prendre en compte c’est que, NORMALEMENT, pour qu’on crée un tel patronyme, la personne doit partir de son lieu d’origine et s’en aller vivre ailleurs. Efectivemente, si ce Fernando de notre exemple avait continué à vivre à Aranda, ses voisins l’auraient difficilement appelé 'celui de Aranda'. C’est à dire qu’un nom au départ toponymique signifie normalement que l’ancêtre à l’origine du nom de la famille venait de cet endroit-là, mais que la famille proprement dite s’est établie et vient d’un lieu différent qui peut être proche ou très éloigné du premier.

Un autre type de provenance des noms toponymiques c’est le fait d’appartenir à une famille qui était propriétaire ou suzeraine de l’endroit. Par exemple, les membres d’une famille qui possédait la maison fortifiée ou seigneuriale de Frías (Burgos), ont reçu le nom de "de Frías", parfois à titre de seul nom de la famille, parfois composé (par exemple, González de Frías, Salazar de Frías).

On dit fréquemment que les noms espagnols qui proviennent de noms de villes et villages sont d’origine juive. Cette affirmation ne peut être généralisée. Certes dans de nombreux cas, les juifs convertis au christianisme ont pris pour nom celui de la cité dans laquelle ils vivaient ('Toledo', 'Zamora', etc...). Cependant d’autres très nombreuses branches sont issues de ces cités par le biais des systèmes décrits plus haut sans que cela implique le fait d’être originaire de l’importante minorité juive espagnole du Moyen Âge.

 

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© Julio N. Rancel

A.G.I.
Membre de l'Annuaire Généalogique Internet